28 avril 2011 sous un ciel de plomb je quitte la Normandie en direction de Versailles où je fais ma première étape chez mes grands-parents. Les premiers tours de roue furent confus. À l'intérieur de moi vivaient des émotions puissantes et contradictoires. L'euphorie de partir enfin sur la route de mon rêve, la peur de l'inconnu voire l'angoisse, la sensation de folie, la joie douce et profonde du moment présent en sentant le vent que je traversais. Une envie de pleurer, la sensation de laisser derrière moi ma vie, ma vie d'avant. La liberté de me mouvoir tel que je sens que c'est bon pour moi. Et puis le vide, l'insondable vide face à ce qui me paraît être une quête folle. Ma gorge est serrée et la moto ronronne. Les pneus neufs rencontrent l'asphalte. Le chemin est sous mes pieds, là maintenant.
Puis direction l'Alsace où je passe quelques jours chez mon oncle Thomas. C'est le sas. Le dernier repère de France. J'en profite pour couper mes cheveux longs et ainsi me délester de mémoires du passé. Quelques réglages, de bons petits plats de Birgit, j'ai l'impression de profiter des derniers instants avant la libération, avant les contractions et avant que l'inconnu se déroule sous mes roues.