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  • Photo du rédacteurMichaël Billecocq

Chapitre 10 : La Mongolie.

Dernière mise à jour : 19 juil. 2020


Je retrouve deux amis motards rencontrés à mon arrivée au Kazakhstan. Nous partons du nord-est du Kazakhstan, transitons un bout de la Russie pour nous élever et nous enfoncer dans les montagnes de l'Altaï en direction du pays des rêves. Les routes rétrécissent, deviennent de terre, les villages s'espacent et ressemblent plus à des baraquements de bois qu'à de belles demeures de bois colorées à la russe que j'ai pu croiser de temps à autres. Nous montons en altitude et le vent froid est très présent en ce début juillet. La végétation perd en verdure et luxuriance, le minéral se découvre partout autour.


Photo : Ligne de démarcation entre la Russie et la Mongolie.



La frontière est là, à deux pas, au loin après le no-man's land qui sépare physiquement la Russie de la Mongolie se trouve le pays que j'ai parcouru maintes et maintes fois dans les livres aux belle images et aux récits aventureux. Le passage se fait sans encombre, encore des paperasses à remplir en russe et une taxe à payer avant d'entrer, puis une autre censée être une assurance pour avoir le droit de circuler. Déjà surpris par la taxe d'entrée, nous décidons de ne pas payer l'assurance et décampons, laissant les hurlements et les menaces derrière nous. Curieuse arrivée mêlée d'excitation, d'incompréhension et d'une sensation de dureté. Voici le pays du minéral rêche, sec et solide, le pays du soleil et celui du vent. Pierre, feu et air. L'eau transparente et cristalline rencontrée souvent viendra apporter son élément à l'aventure.

Photo : Campement en Russie.




02 juillet

Mongolie

N 48°57’46.6’’

EO 89°57’56.5’’

A vous tous qui me suivez !!

Ça y est, j’y suis, les deux pieds, les deux roue dans mon rêve. Mon rêve devient réalité et je ne sais pas trop si je dors ou si je suis bien éveillé.


Nous sommes arrivés hier après 3 jours passés en Russie dans les montagnes de l’Altaï. Fantastiques montagnes, larges, douces et hautes. Je suis partis de 200 m d’altitude et ai passé la frontière à près de 2500 m. Tout simplement fabuleux, une diversité déconcertante de paysages, de climats. Passage de montagne à la végétation luxuriante à un décors lunaire et désertique. Et puis cette lumière !! ce vent !!


J’ai réussi à retrouver mes deux amis (italien et hollandais) que j’avais rencontré au début de ma route au Kazakhstan. Super retrouvaille avec de nombreuses aventures à nous raconter, bonne route en convois et passage de frontière particulier avec une mauvaise impression en arrivant au passage Mongole. Il faut payer à 3 endroits ??!! ça me rappelle le passage au Cambodge. On paye le premier et nous refusons de payer les 2 autres. Bizarre et pourtant, premiers visages croisés, premières joues rougies par le vent et le soleil, premiers spectacles de science fiction, première « route »  mongole et on oublie. Le voyage commence, j’ai cette sensation à cet instant où je réalise que j’y suis, que je suis en Mongolie, ce pays rêvé depuis tant d’années. Le monde est si petit que aujourd’hui j’ai plus envie de rentrer. C’est beau, c’est fantastique et c’est mieux que tout ce que j’ai pu lire ou que toutes les photos que j’ai pu voir. Ces confettis blanc posés sur cette terre ocre, avec quelques chevaux ou moutons qui trainent et puis ces regards d’enfants, ces regards curieux. J’ai envie de parler à tout le monde et de m’immerger quelque part au fin fond des montagnes avec ma tente au pays des nomades.


C’est ce que je vais faire, demain je pars, peut être avec mes potes à la frontière Russe, Chinoise et Mongole vers le plus haut pic de l’Altaï et y passer quelques jours. Pour l’instant je suis à Olgui dans un camp de ger où se trouvent quelques voyageurs, en fait un représentant de chaque pays européen. J’y ai croisé 2 allemands en BMW comme la mienne, un d’eux à cassé son cardan en Mongolie, juste au début de leur voyage, ils ont envoyé leur moto par avion pour faire le retour en roulant. Du coup leur voyage s’est arrêté avant de commencer car ils ont attendu 2 semaines  leurs pièces. Beaucoup de voyageurs à pied, à vélo, en auto stop. C’est drôle de croiser tous ces gens. Une française s’y trouve depuis aujourd’hui et je m’aperçois que mon français se perd, j’ai un drôle d’accent et mes mots sortent en anglais. Je ne reconnais plus ma voix, c’est assez étrange cette sensation de m’appauvrir, comme devenir plus stupide de jours en jours car mon anglais ne me permet pas de m’exprimer aussi bien qu’en français et quand je parle français je n’ai plus de mots !! 


Moral super bon comme vous pouvez l’imaginer. J’ai réparé quelques petits problèmes de moto, changé les pneus et elle est prête pour la Mongolie.


D’autres nouvelles plus tard, peut être avec un peu plus de sensation à vous décrire car je ne suis pas tout seul dans la ger et c’est difficile de me concentrer sur mes émotions.


Je vous embrasse fort.

Michaël




Je rencontre Myriam, une jeune française qui voyage en Mongolie depuis plusieurs semaines. Nous allons partager, voyager ensemble en direction de la capitale Oulam-Bator. Cette rencontre me permet de m'immerger plus rapidement. Myriam connais déjà quelques mots de mongol et elle me fait profiter de son expérience. Je découvre avec elle les spécialités culinaires et apporte une légèreté supplémentaire à mon voyage. Myriam a le sourire même quand elle ne sourit pas, c'est simple, joyeux et fluide de partager notre route sur la moto.


 Photo : Myriam en hombre chinoise.



Je me rends compte alors comme il est bon partager cette expérience si forte pour moi, comme il est bon d'avoir une personne qui puisse témoigner de ce qui est vécu, vu, senti et aimé. Et puis Myriam apporte le féminin et un autre regard. J'ai d'ailleurs beaucoup appris de son œil de photographe : un regard plus large, plus haut et moins factuel. C'est un partenariat fraternel : un homme, une femme et deux voyages qui se croisent ici.


Photo : campement avec Myriam.


9 juillet


Hello everybody !!!!

Un petit message pour vous tenir informés :


Je viens de passer une semaine extraordinaire dans les montagnes de l’Altaï. Je voulais aller dans le parc naturel mais les formalités et l’obligation d’un guide m’y ont dissuadé, les montagnes sont belles aussi en dehors.


Alors je suis parti en direction du sud avec Myriam cette française rencontrée à Olgui. Nous avons roulé dans des vallées immenses, dormi sous la neige, rencontré une américaine volontaire pour passer 2 ans en Mongolie afin d’apprendre l’anglais aux enfants, avons dormi dans des paysages magnifiques, avons passé une nuit et une journée avec une famille Mongole, avons participé à la fête du Nadaam.



Photo : Famille mongole sur deux roues.


C’est comme si j’étais rentré dans ces bouquins aux images magiques, comme si j’avais traversé le papier glacé. C’est beau, c’est simple et c’est chouette d’être accompagné par Myriam qui a déjà passé un mois et demi en Mongolie. Du coup nous repartons ensemble vers l’est, nous laissons des affaires à ces amis qui doivent attendre quelques jours avant de repartir et nous donnons rendez vous à Oulam Bator. Je dois y être dans deux semaines pour l’extension de mon visa et Myriam repart pour la France à ce moment. Je laisse l’ordinateur et vous écrirai peut être des mails sur la route d’internet café. Nous partons d’Olgui cet après midi. 


Les distances ici ne se comptent pas en Km mais en heures, nous roulons à 60 km/h maxi sur ces pistes, du coup le temps semble ralentir et l’impression de réalité est encore plus présente, plus dense. C’est juste beau.


Je vous embrasse tous.

Michaël




28 juillet

Ulaam baatar

Gana’s guest house

Très chers tous,

Me voici de nouveau seul sur ma route. A l’heure qu’il est Myriam vole vers sa terre natale, son périple de 3 mois se termine. C’est un vrai plaisir que de rencontrer tous ces jeunes et moins jeunes dans ce coin de bout du monde, toutes ces personnes qui sont dans la même énergie que moi, tous ceux qui ont ce courage de démissionner, de quitter le confort pour vivre leur rêves avec ces sourires qui illuminent tant ces visages. Myriam aura partagé 4 semaines de son voyage avec moi et moi j’ai partagé ce même temps avec elle. Elle a pu m’apporter son expérience, son regard, sa joie d’être et sa fraicheur, j’ai pu lui apporter un autre moyen de voyager, un autre regard sur la vie, une expérience de vie. Le rythme de voyage et la recherche sont les mêmes c’est pourquoi ces 4 semaines ont été 4 mois tant l’intensité des moments partagés, des paysages rencontrés, des personnes croisées était grande. Tant d’aventures vécues  et encore une fois tant de hasards sur notre chemin qui font si bien les choses, c’est comme l’eau qui coule, cette sorte d’infini qui nous parait tellement normale. C’était juste fluide et simple.


Merci Myriam pour ce temps partagé avec toi.




Du coup depuis la dernière fois que je vous ai écrit il s’est passé tant de belles choses. Nous sommes partis pour Karakorin en bus jeudi dernier. J’avais rencontré Xavier un Français quelques jours auparavant à la police d’immigration où je me suis rendu afin de prolonger mon visa mongol. Il s’occupe avec un associer d’organiser des randonnées à pieds ou à cheval dans la région, ils ont une soixantaine de chevaux et travaillent avec des éleveurs et des familles locales. Du sur mesure à un prix vraiment compétitif. Nous nous sommes donc payés 4 jours de randonnée à cheval avec un guide mongol, nous n'étions que tous les trois avec 4 chevaux, un pour chacun plus un cheval de bat pour nos affaires. Nous avons décidé de la route et nous sommes partis. Nous avions décidé de ne pas dormir dans des familles mais plutôt de se retrouver dans des coins magiques et tout seul. La nature et nous à notre rythme toujours aussi lent.

Photo : Ourna notre guide.



Les chevaux ne sont pas grands et sont vraiment tous terrains, nous avons gravis des cotes raides, galopé dans des zones rocheuses, traversé des rivières à nous mouiller les genoux. Rien de tout cela serait possible en France sans un contrat de 40 pages signé en 3 exemplaires rejetant la responsabilité des organisateurs. Nous avions des selles européennes pas trop mal  mais mes fesses se souviennent encore de la rando. Les journées sont passées vite, nous traversions des paysages si différents et si beaux. Nous nous occupions des repas et de nourrir Ourna notre guide. Nous dormions près des chevaux et la nuit nous pouvions entendre leurs souffles. Deux doigts suffisaient pour diriger mon cheval, quelques « Tchouuu !» pour le faire avancer ou galoper. Plus de vingt ans que je n’étais monté à cheval et j’ai retrouver rapidement les sensations. Quel plaisir de driver le cheval de bat à la mongol, je me suis pris pour un cow-boy mongol avec un troupeau d’un cheval !!!




La Mongolie c’est le cheval et nous avons rencontré des français randonnant sur plusieurs semaines en toute sécurité. Un belge était là pour acheter 2 chevaux et partir 3 semaines en autonomie complète, il était vraiment préparé. Nous nous sommes rendus compte de la difficulté qu’aurait été une randonnée sans guide tel que nous le voulions au départ. Partir seul dans ce pays inconnu avec des chevaux inconnus doit découler d’une mûre décision et d’une préparation parfaite. Quelle belle expérience, c’était tout simplement parfait. Les paysages étaient si différents en si peu de temps, nous avons traversé des forêts, des prairies d’herbes hautes et fleuries, des versants secs et désertiques, des marais.


Maintenant je suis à Oulaanbaatar attendant mon amortisseur neuf. EMC est d’accord pour m’en envoyer un neuf à moitié prix. Le port étant très cher (350€) par UPS j’ai rencontré un français dont les parents viennent à UB le 2 août et ils sont ok pour me l’apporter. J’espère juste que ça passera  la sécurité des aéroports car le colis que m’a envoyé BMW avec des pièces et choses de ma famille est revenu à cause d’un aérosol pour nettoyer mon filtre à air. A suivre… Donc si j’ai mon nouvel amortisseur je continue mon trip vers l’est puis par le sud et le Gobi en direction de l’ouest, mais sinon je prendrai les meilleurs routes lentement en direction de l’ouest, je ne peux pas prendre le risque de casser dans le désert de Gobi.


Photo : Vue de la guest house à Ulam Bator.


J’ai mon visa jusqu’au 30 août et j’ai mon visa de transit pour la Russie à partir du 27 août pour 10 jours c’est cool, j’aurai le temps. J’envisage de traverser le Kazakhstan par le sud et j’aimerais aller en Ouzbékistan et traverser la mer Caspienne vers l’Azerbaïdjan et récupérer le sud de l’Europe via la Géorgie et la Turquie.


Le Kazakhstan me manque, ces visages souriants et abordants, ces tapes dans le dos, ces démonstrations de curiosité. Ici les mongols sont plus distants, la culture n’est pas la même et les discussions en anglais sont rares. Apprendre quelques mot est difficile, les sons sont gutturaux et j’ai du mal à les reproduire alors pour les retenir c’est pire. Mais c’est vraiment chouette, la nature est si folle et si dure qu’elle ne laisse pas beaucoup de place aux futilités touristiques. Je suis un étranger et nous savons tous que je suis là que pour un court temps, je suis bien incapable d’imaginer ce qu’est un hiver ici, où il peut faire si chaud en ce moment. C’est l’été, les bêtes s’engraissent pour passer l’hiver et on espère qu’il n’y aura pas trop de perte dû au froid, alors on profite de ce court temps d’accalmie, les éleveurs dorment en surveillant les troupeaux et on boit beaucoup pour je ne sais quoi…. Et ça c’est bien triste. Le titubage est monnaie courante dans les rues de la capitale et dans les campagnes aussi. On se demande des fois comment un cavalier arrive à tenir sur son cheval, il est arrivé de nombreuses fois où demandant notre route près d’une ger que l’homme prenne ma moto pour un bar bien costaud et s’appuie fortement sur mon guidon à presque nous faire tomber, le gars bredouillant je ne sais quoi sur une direction évasive. Difficile face à ces imprécisions que de trouver son chemin. Il nous ai arrivé bien souvent qu’on nous dise juste : « c’est par là » avec un geste différent du regard face à une steppe désertique ; on suit quoi : sa main ou son regard ? De nombreuses fois nous nous sommes trouvés dans des culs de sac après avoir roulé des heures sur la même piste. Juste plus de piste, une grosse rivière ou une montagne infranchissable. Alors demi tour quotidiens pour trouver la piste qui contourne. Merci le GPS qui me rassure quant à la direction ou la piste suivie. La voilà l’aventure rêvée, me retrouver au milieu de rien, ou plutôt de tout sans une âme qui vive.


J’ai pu testé la nourriture locale et j’adore !!! tout est à base de lait de brebis, de jument, de vache, de yack et la viande mangée est généralement du mouton mais le cheval est aussi très apprécié. Vous connaissez l’airag ? c’est du lait fermenté, c’est un peu piquant et c’est très bon nous avons aussi gouté à de l’alcool fait à partir de lait. Le thé ici est fait avec beaucoup de lait entier fraichement traie et il est salé. Une fois nous cherchions encore notre chemin, nous demandions la route à un berger et il nous a proposé de nous arrêter dans sa ger. Il nous offre le thé puis nous voulons partir mais déjà les femmes coupent un quart de mouton et le font bouillir pour nous. Quel régal avec ces morceaux de gras, juste comme ça à la main avec un couteau, j’ai mangé comme quatre et mon sourie a ravi mes hôtes. Ici il n’y a pas de chichis, pas de merci beaucoup, comment allez vous ? pas de manières. On entre dans la ger, on s’assoit, on boit le thé, on mange ce qu’on veut et on part comme ça sans préparation. Au début c’est étrange. Imaginez entrer chez des inconnus sans frapper, vous asseoir à la cuisine, ouvrir le frigo et vous servir, puis repartir comme ça sans un merci !!! Mais c’est comme ça. Ce qui est drôle aussi ce sont les restaurant qui vous présentent un menu et quand vous avez choisi on vous dit qu’en fait il n’y a qu’un plat de disponible !! ou alors il n’y a rien.


Je vais profiter de mon temps à la capitale pour la visiter. La ville n’est pas très sûre il y a de nombreux pickpockets et il faut être vigilant mais les choses se passent bien. Aujourd’hui j’ai trouvé quelqu’un pour réparer ma tente qui souffre un peu : le zip de la porte est à moitié cassé ce qui a le don de me mettre en colère au vu du prix de la tente. Elle est vraiment bien mais ce genre de détail est super important car sans fermeture éclaire le vent peut s’engouffrer et déchirer la toile !! Je tâcherai de me faire rembourser ou alors de la faire remplacer en France grâce à la garantie de 2 ans.


Ce qui est très sympa ici dans ces guest houses ce sont tous ces voyageurs rencontrés, tous viennent de pays différents et accomplissent un voyage particulier, il y a beaucoup de personnes en tour du monde et c’est vraiment facile de partager autour du voyage et de ses faisabilités. C’est un peu comme un club où tous se comprennent et se respectent. Il y a les marcheurs, les cyclistes, les sacs au dos, les motards, les caravaneurs…. Tous se retrouvent à un moment ou à un autre. Il y a beaucoup de français en Mongolie et c’est assez drôle d’entendre parler français dans les rues d’Ulaanbaatar. La guest house est constituée d’environs 8 gers avec 4 ou 5 places, on y dort donc en commun mais le prix est très compétitif : environ 3,5 € la nuit avec le petit déjeuner et les douches chaudes. On peut manger pour 1 ou 2 € à Ulaanbaatar. La ville n’est pas très agréable à vivre, il y a beaucoup de trafic et la voiture est reine ici, gare aux pieds !!! Les gers côtoient les immeubles de verre et il y a de nombreux chantiers de construction et tout semble anarchique, je vous enverrai des photos.


Voilà pour aujourd’hui.


Je vous embrasse fort et je pense bien souvent à vous.

Michaël





Je me retrouve à nouveau seul, le regard que je porte vers l'est depuis le début de mon voyage change, se transforme. L'est, le far est est tout proche désormais et une nostalgie commence à se faire sentir. Je suis au centre névralgique de la Mongolie, dans cette ville curieuse où se côtoient une richesse exubérante et une extrême pauvreté. Les faubourg de la ville voient s'entasser des centaines de yourtes habitées par des famille qui ont perdu leurs troupeaux, autrement dit qui ont tout perdu. Ils viennent chercher ici l'espoir que fait briller les images chinoises qui dansent dans les écrans cathodiques alimentés par l'unique panneau solaire de leur yourte. Le rêve américain est ici le rêve chinois. Alors l'alcool fait d'énormes dégâts rabaissant encore un peu la fierté d'un peuple qui se tient droit, les pieds ancrés dans la terre, les cheveux dansants aux vents et la peau nourrie par le soleil.


Photo : Yourte solitaire.


J'ai très souvent vécu des situations où j'étais en contact avec des hommes et des femmes fortement alcoolisés. Le plus incroyable pour moi était de constater que le fait de monter à cheval dégrisait tout mongol imbibé. Leur monture entre les jambes et l'homme se redresse, fait corps avec l'animal tel un centaure puissant.


Ça y est, j'ai remplacé l'amortisseur de ma moto et après une soirée festive à la guest house, je vise le dernier tronçon de mon voyage en direction du soleil levant. Je ne le sais pas encore mais je vais me diriger vers une zone très sauvage.



2 août


Hello everybody !!!!!

Ça y est, je viens d’avoir un message de Guillaume !!!! Mon amortisseur est bien arrivé à Oulaanbataar avec ses parents !!! Je vais le chercher cet après midi, puis réparer ma moto et ensuite je vais partir vers l’est en direction de Ondorkhaan. La route est bonne jusque là bas, elle est goudronnée. Ensuite je verrai si je continue vers l’est ou le sud est, j’ai hâte de retrouver la nature et sa tranquillité. Mais ma semaine ici fût très bonne, j’ai pu faire le plein de bonnes énergies avec tous ces voyageurs au long court, j’ai pu profiter de bonnes douches chaudes, j’ai bien pratiqué mon anglais et il s’améliore, il m’est très facile désormais de participer à une conversation à plusieurs et être très actif, c’est cool. Une américaine m’a même dit que je parle très bien, couramment, mais je sais qu’il me manque du vocabulaire. Hier soir nous avons fait la fête jusque 4h00 du mat et s’était vraiment une très bonne dernière soirée ici, il y avait quelques français, des polonais, des israéliens, des américains. Je crois que nous avons fait pas mal de bruit !!


Encore une fois c’est vraiment chouette de rencontrer tous ces gens qui ont la même passion et de voir qu’il y a de nombreux jeunes (entre 20 et 25 ans), je trouve ça très positif. Il y a aussi des personnes plus âgées, comme ces deux couples rencontrés dans l’ouest voyageant en 4x4 aménagé et pendant plusieurs mois à travers l’Asie centrale. J’ai pas mal d’adresse en Europe et dans le monde, on sait jamais !!!


Je suis heureux de me remettre en selle et retrouver mon énergie de nomade. C’est vraiment parfait !!


Je suis à la moitié de mon voyage, je peux rester en Mongolie que jusqu'à fin août, deux mois dans ce pays fabuleux. J’ai deux impressions opposées : la première est que j’ai quitté la France hier et l’autre, que je suis dans une autre dimension sans réellement d’espace temps et la réalité du temps de mon voyage est comme transformée par la richesse de mes rencontres avec la population et cette nature si belle dont nous faisons partie. Ce décalage est très important quand je peux parler à des membres de ma famille ou à mes amis, c’est comme si nous étions séparés par un immense canyon avec cette proximité mais sans réelle possibilité de partager le quotidien ou la réalité de la personne en face, comme deux chemins si proches et en même temps si loins. 3 mois déjà et que 3 mois ! Je pense à la France, ou à mes futurs projets et j’aime ne pas savoir ce que je vais faire, pour la première fois dans ma vie « active » je n’ai pas de projet défini, j’apprends à apprécier ce moment qui existe, juste celui là tout en ayant un œil  vers l’avenir, mais un œil au loin, un œil à l’horizon afin de garder un cap qui me fait du bien, mais si mon bateau fait un peu d’est ou d’ouest, au fond le point d’horizon ne change pas et c’est très reposant. Peut-être est ce cela le vécu d'une certaine relativité ?


Vous devez être en vacances, alors bonnes vacances à vous tous. Je vous embrasse.

Michaël



En Mongolie, comme un peu au Kazakhstan, je navigue sur la terre. Mon GPS m'indique une direction, un point connu de lui tel un village répertorié ou une ville plus grande. Le petit écran m'indique un point et entre lui et moi une droite. J'ai dû croisé 3 ou 4 panneaux de signalisation depuis que je suis en Mongolie et les piste sont des chemins qui parfois se dédoublent pour se croiser plus loin et parfois pour changer de direction. La navigation se fait au ressenti et avec les indications parfois douteuses d'habitants en yourte que je croise sur le chemin. Cette façon de me déplacer m'a beaucoup plu, je sentais qu'il fallait que je fasse corps avec les éléments, avec tout ce qui m'entourait. Une odeur dans le vent, la position du soleil, des fils téléphoniques, une poussière soulevée au loin par une voiture. J'ai vécu cette liberté que je cherchais avant de partir. Ici je n'ai pas vu une seule clôture, la nature même du pays incite au nomadisme, là où la terre appartient à tout le monde.




Il n'était pas rare que je suive une piste pendant des jours sans croiser de village. Je m'arrêtais pour planter ma tente en retrait des pistes. Des fois je parcourais plusieurs centaines de mètres dans la steppe plate pour trouver le renfoncement dans la terre qui me convient. Je prenais soin de placer ma moto dans la direction de la piste pour la retrouver le lendemain. Il m'est arrivé d'être complètement désorienté, n'ayant aucun repère pour me rappeler le chemin à prendre le lendemain. Là-bas je me suis senti des fois comme sur un bateau au milieu de la steppe où je pouvais contempler l'horizon à 360°. J'ai aimé cela, me sentir seul au monde.


Et souvent le matin, alors que rien ne laissait imaginer q'une âme puisse se trouver proche de moi, un homme arrivait. Toujours quand l'eau pour le thé était chaude. À cheval, avec un long bâton à la main et une longue vue dans une poche. Habillé du del, habit traditionnel mongol, il posait ses fesses sur ses talons comme est la coutume. Un regard franc et fier. Aucun étonnement apparent. Je lui tend une tasse de thé et des gaufrettes à la vanille. Quelques mots échangés en mongol, quelques regards sur des détails de ma moto ou de ma tente. Puis soudain comme s'il avait entendu un appel, il se lève, sort sa longue vue, scrute et s'en va. Moments d'intense simplicité, de vérité dans l'instant présent. Ces gestes maintes fois répétés avec ces bergers me permettaient d'assimiler l'énergie mongol. Ce mélange d'ancrage de plomb, de finesse légère que le vent emporte où bon lui semble, de fierté de l'honneur me nourrissait beaucoup. Ici pas de chichis !!



Photos : Rendez-vous presque quotidien pour le thé du matin.



Et puis il y a eu toutes ces personnes assises au milieu de nul part attendant que quelqu'un passe. J'ai souvent été ce quelqu'un apportant l'essence manquant pour continuer sa route. Là une petite moto étendue par terre, ici une vieille voiture à sec. Quel plaisir à chaque fois d'être le messager de la route. Des repères à l'opposé du monde occidental. J'ai l'impression que la seule catastrophe qui pourrait arriver à ces gens est la perte de leurs troupeaux. Le reste on s'en débrouille.



05 août 2011-08-05

Déjà plus de 17000 km

N 47’39 ‘’26.2

E 117’41’’06 .5

20h30

Horizon à 360 °. Extrême est du pays. C’est de nouveau la steppe, mais la steppe Mongole, la steppe verte et grasse, enfin cette steppe que l’on voit si souvent représentant la Mongolie. Et bien en fait elle se trouve principalement à l’extrême est du pays, le reste est désert, vallons et montagnes. L’herbe est grasse et odorante, ça sent fort l’ail et là où j’ai  planté ma tente le sol est couvert de fleurs bleues, le lac est derrière moi et à l’instant où je vous écris, 2 mongols sont là avec leurs chevaux à regarder ma moto sous toutes ses coutures. Un vent moyen souffle sans discontinué et les quelques gers autour rechargent leurs batteries grâce à lui. Cet après midi des troupeaux de chameaux, de vaches et de chevaux paissaient dans ce prés infini. J’ai fait une sieste au bord de l’eau et devant moi, de l’autre coté du lac je pouvais apercevoir la Chine. Oui, je voulais me caler dans ce cul de sac du bout de la Mongolie, finir mon jeu de « 1 2 3 soleil !! ».


Demain je serai à Hahlgol et je toucherai le mur, j’aurai gagné mon jeu, rien ne m’aura arrêté.

Cet après midi je me croyais dans la savane africaine, j’effrayais des troupeaux de gazelles mongoles, elles font des bonds impressionnants pour leur petite taille, il y en avait des centaines. Merci pour cette surprise. Ici peux de touristes s’aventurent et quelle fût ma surprise de doubler un cycliste allemand. Nous avons partagé un bon repas et un café tant attendu de Martin dans ce grand jardin, c’était chouette.


Je reprends mon rythme de solitaire, me couche et me lève avec le soleil. Je me rends compte que j’ai vraiment besoin de nature et aussi de voir et parler avec des gens. Cette semaine à la capitale était vraiment bien mais j’étais heureux de retrouver ma solitude et je sais que dans quelques jours j’aurai envie de parler et de rencontrer à nouveau d’autres personnes. Je trouve un équilibre, qu’en sera-t-il en France ?


Donc à partir de demain après avoir touché mon mur je vais entamer la phase du retour, je ne ferai plus de l’est mais de l’ouest, ou plutôt pour commencer du sud est en direction du désert de Gobi que je veux traverser en long. Une nouvelle aventure en essayant que ce retour ne soit pas qu’un retour mais une sorte de continuité dans ce magnifique voyage, sortes de découvertes quotidiennes jusqu’à mon retour en Europe puis en France.


Voilà c’est juste parfait, c’est doux et c’est facile, ça coule de source.


Plein de bisous à vous.

Michaël



Voilà, c'est fait. Je suis accueilli dans un petit village relié à nulle part. Il est là tout seul à plusieurs jours d'autres villages, calé près de la frontière chinoise. J'y suis. Le soleil levant se trouvera désormais derrière moi et s'est une pointe de tristesse qui s'immisce dans mon cœur. Pour éviter de ressentir je reprends la route mais c'est là, présent en moi. Un deuil commence.


Photo : Deux mondes se rencontrent.



dimanche 7 août 2011

N 46°50’39.5’’

E 115°51’12.4’’

Coucou vous tous

Ça y est, j’ai touché le mur, je suis arrivé hier à Halingol le village le plus à l’est de la Mongolie. Il y avait vraiment une impression de bout du monde, cette bourgade est toute petite et il y a un imposant mémorial de la dernière guerre mondiale. Les mongols étaient aux cotés des américains contre le Japon. Mais à par ça, c’était juste mon mur, et moi seul connaissais l’importance de ce village.



Photo : un des nombreux monuments rencontrés sur ma route.


Petit moment de joie et tout de suite reparti vers l’ouest. Je suis à la recherche depuis hier d’un village : Matad. De demandes en demandes, de pistes en pistes dans cette steppe infinie, me voici comme perdu au milieu de rien. J’ai fait une chute cet après midi, je roulais assez vite sur une piste et mon cerveau s’est arrêté de fonctionner car j’ai foncé dans une marre de boue à plus de 60 km/h. J’avais largement la place de l’éviter, je n’ai pas compris. Pas de bobos mais je suis tout dégueu avec de la boue jusque dans mon casque. Je crois que je suis fatigué de cette longue route. Mine de rien ça fait 3 mois que je roule vers l’est et là je fais demi tour et je me sens tout mou d’un coup. Le contre coup d’être arrivé jusque là peut être, la pression qui retombe, j’ai plusieurs élans : j’ai envie de rentrer et en même temps je veux profiter de mon retour. Nous verrons bien dans les jours qui viennent comment je vais gérer tout ça, je ne veux pas me mettre en danger en allant trop vite. Je vais tâcher de me trouver une petite guest house dans le Gobi où passer quelques jours de repos et méditer un peu. Ici dans l’est il n’y a rien, c’est la partie la moins peuplée de la Mongolie alors pour trouver une guest house c’est pas gagné. J’ai encore vu des tas de gazelles aujourd’hui, c’est vraiment magique.


Je suis depuis quelque temps devenu le sauveur au bidon d’essence. J’arrête pas de dépanner des gars en panne d’essence, il faut dire que dans ce coin les stations services ne courent pas les rues, il y a tellement peu de villages. Pour vous dire aujourd’hui je n’en ai pas croisé un, avant-hier non plus. Par contre aussi paumé que je sois, il y a toujours un mongol à cheval qui vient boire le thé avec moi le matin, c’est rigolo de le voir arriver de nulle part, comme ça, décidé, comme si nous avions rendez vous.


Voilà pour ce soir, je vais me préparer une petite soupe aux nouilles et me coucher. Bonne nuit les petits !!!


Je vous embrasse fort du bout de mon rêve.

Michaël



Je ne découvrirais pas le désert de Gobi cette fois-ci, un affreux mal de dents m'oblige à retourner dans la capitale mongole afin d’espérer trouver un dentiste qui saura me dire ce qui cloche. Je sens une douleur lancinante dans ma mâchoire qui me gêne terriblement. Finalement c'est une dent de sagesse qui pousse de biais vers la molaire la plus proche qui provoque cette douleur. Cette expérience me permet de rencontrer Eugenia une femme catalane en voyage. Nous nous rencontrons à la guest house dans laquelle j'avais séjourné lors de mon précédent arrêt dans la capitale mongole. Le courant passe bien et nous décidons de partager une dizaine de jours ensemble. Nous voulons découvrir la région autour de Karakorin.

Photo : exemple de route mongole.


La météo est maussade et nous avons vite froid. Nous devons nous réfugier plusieurs fois sous la tente montée à la hâte afin de nous réchauffer et de nous sècher. Néanmoins nous profitons de ce temps partagé ensemble et avons l'impression de nous connaître depuis longtemps. Je me sens bien en sa compagnie et c'est réciproque. Le temps s'allonge et voyageons portés par le vent.




10 août


Salut à tous,

Encore des péripéties : mes dents !!!! Coté gauche toute la mâchoire !! pas cool du tout. Du coup plutôt que d’aller directement dans le Gobi et risquer une rage de dents dans un coin paumé j’ai préféré retourner à la capitale afin d’aller voir un dentiste.  Je suis arrivé hier en fin d’après midi et suis tout de suite allé voir un pro. Petit boui-boui avec 3 fauteuils de dentiste et tous les instruments pas très brillants, un crachoir plein de je ne sais pas trop quoi et d’ailleurs je ne veux pas savoir. Ouh la j’ai vraiment mal et le dentiste m’ausculte : il gratte, il tapote, il ne semble pas trouver, pour moi aussi c’est difficile de savoir quelle dent me fait mal. Après un moment ma dent du fond en bas à gauche me fait mal quand il cogne dessus avec son instrument. Il regratte, envoie de l’air froid dessus mais même pas mal !!! Alors en anglais je tâche de lui expliquer mes sensations. Il me dit : X ray, X ray ?!! oui bien sûr ! Il m’emmène dans une autre pièce avec un bordel sans nom, un peu comme mon atelier mais là ce ne sont pas des bouts de bois qui trainent par terre mais des dents en plâtre, des outils électriques un peu bizarres avec des connections douteuses puis me fait la radio. 5 minutes plus tard il revient avec ce qui semble être un négatif mais c’est ma radio sortant du révélateur. A l’ancienne. Et là, oh surprise même si je m’en doutais un peu, une belle dent de sagesse pousse et semble coller d’un peu trop près la dent d’à coté. Verdict : il n’y a rien à faire, tout est normal, tu auras mal et c’est tout. Merci daphalgan. Et puis, le zip de ma veste de moto fait des siennes et ne fonctionne plus correctement alors très simple, on la change, et une de plus après celle de la tente. Eh bien j’ai rencontré un français marié à une mongole qui crée une collection de vêtements en vue de les vendre en France (si vous voyez cette marque : french khan khan c’est lui). Il crée des fringues modernes avec des tissus mongole ou des formes traditionnelles avec des tissus européens. C’est assez chouette.


Et puis j’ai rencontré une charmante espagnole avec qui je vais partager quelques jours de moto comme avec Myriam dans les environs de Harhorin où j’ai fait du cheval avec Myriam. Nous irons visiter le Gobi et peut être quelques lacs dans le coin, ensuite Eugenia restera pour 10 jours de cheval et moi je filerai vers l’ouest. Comme quoi un mal de dent pour un bien de compagnie !!!Donc demain matin je pars en moto, elle me rejoint avec un ami Français Antoine en bus. 


Je suis rassuré pour mes dents car je me voyais mal me faire soigner dans ce cabinet de dentiste. 


Voici quelques photos des fameuses gazelles et autres personnes rencontrées dans l’est.


Je vous embrasse tous fort.

Michaël


Photo : Activité dans un temple bouddhiste.


Pour la première fois depuis longtemps, je me sens prêt à envisager une vie de couple avec quelqu'un. Alors qu'avant mon voyage, je ne souhaitais plus mettre en place de relation de couple considérant avoir trop souffert par le passé, là, dans ces circonstances, je me sens prêt à remettre ça. Et en plus je me vois bien aller vivre en Espagne et y créer notre vie. Je sens que quelque chose a changé dans ma posture car je me sens plus détaché malgré tout. Il semble que cette idée convienne aussi à Eugenia. Elle doit repartir bientôt en Espagne, gérer sa relation de couple avec son compagnon qui semble insatisfaisante et venir me rejoindre au Kazakhstan pour terminer le voyage ensemble.




Le jour de la séparation approche, elle doit bientôt s'envoler pour l'Europe et moi continuer mon chemin. Nous restons en contact pendant tout le reste de mon voyage mais ne viendra pas me rejoindre ni même construire une relation avec moi. Il y a des sensations accueillies dans ces moments de communion avec soi, des prises de conscience faites, des décisions prises et quand on revient au port, qu'on remet nos vieux vêtements, tout cela devient un souvenir de voyage, un peu comme un rêve lointain.


Photo : Magasin typique où se ravitailler.



C'est le cœur lourd que je reprends la route. Je reprends place dans mon voyage et m'engage vers l'ouest en longeant le désert de Gobi. Il me reste encore plusieurs jours pour découvrir et continuer d'apprécier ce pays, ces hommes et le minéral. Il m'arrive parfois d'avoir l'impression d'évoluer sur la planète Mars tellement la terre est rouge par endroit, sans végétation apparente. Le rythme est plus rapide, j’entame le retour. Il me faut me mobiliser pour continuer à profiter de ce temps que je me suis donné. Une partie de moi aimerait en finir, rentrer et qu'on en parle plus. J'ai du mal à accueillir mes émotions, à les sentir. Avec le recul, je vois comme le changement de direction m'a in-sécurisé. J'avais préparer mon voyage pour aller en Mongolie mais je n'avais pas du tout envisagé le retour autrement qu'une vague route sur une carte. Le processus est entamé, j'ai le choix entre subir ma route vers l'ouest et trouver un autre but, mettre en place une nouvelle motivation. C'est ce que j'ai taché de faire.


Alors j'ai fait la paix et je me suis rapproché de moi. Le retour sera désormais sous le signe du profit : profiter au maximum du moment présent et des expériences qui jalonneront ma route.





26 août 2011

Olguiy, blue wolf ger camp

Déjà 21 000 km

Très chers tous,

Deux mois, deux mois chère Mongolie, pendant deux mois tu m’as accueilli, pendant deux mois tu n’as pas été avare de surprises, de rencontres riches en sourires et partages, pendant deux mois tu m’as permis de découvrir ta terre, tes habitants, ta culture. Merci pour toute cette douceur, merci de m’être senti en sécurité en ton sein, merci de t’être ouverte à moi avec cette pudeur et sans faux semblants. Tu m’as tant donné que je suis triste aujourd’hui de te quitter. Oui j’ai bien profité de toi, je me suis bien nourri de tes paysages, de cette nature primitive et de l’accueil de tes hommes. Merci de m’avoir permis de réaliser ce vieux rêve et merci d’être le symbole d’une nouvelle vie pour moi. J’aime cette association d’idée car je veux que cette nouvelle vie soit simple et pure à l’image de ce pays si beau. Je vais y travailler, il va me falloir oublier mes vieux repères, mes anciens schémas pour en fabriquer de nouveaux à mon image d’aujourd’hui. Encore une belle aventure en perspective !!!


Demain matin je vais passer la frontière et entrer en Russie, c’est bien la première fois que je ne suis pas pressé ni excité d’y être. Mais malgré cette tristesse apparente, cette tristesse de surface, je suis heureux, je crois comme jamais auparavant. Comme jamais auparavant je me sens libre de simplicité, comme jamais auparavant je sens la douceur de la vie et comme jamais auparavant je sens la chance que j’ai de vivre dans ce monde et je sens la chance que j’ai d’être entouré de vous.

La Mongolie m’aura donné tellement plus que je pouvais attendre, tant de générosité, tant de coïncidences, tant de belles rencontres qui m’auront enrichies et qui m’ont un peu plus permis d’ouvrir les yeux en paix. Merci Myriam, merci Eugenia, merci Antoine, merci à tous ces étrangers rencontrés, ces israéliens pleins de vie, ces américains, ces allemands, suisses, norvégiens, suédois, coréens, japonais, ces jeunes, ces personnes âgées qui voyagent. J’ai pu rencontrer une sorte d’autre famille, celle des voyageurs.


Ce que je retiens le plus ce sont ces surprises quotidiennes qui vous obligent à comprendre que rien n’est contrôlable et qu’il est bon de laisser aller le destin, car pour ma part il agit toujours pour le bien. De nombreuses fois j’ai eu les larmes aux yeux après la rencontre même pour 5 minutes de personnes si ouvertes et généreuses, devant des paysages splendides de simplicité, face à des coïncidences si évidentes. Souvent je me dis : c’est juste parfait ! rien à ajouter, rien à enlever. Il n’y a qu’à demander et les choses arrivent. Hier n'existe plus, demain n’existe pas, alors tout est possible.


Encore une fois, ce pays si grand tient dans un mouchoir de poche : hier en arrivant je rencontre un américain que j’avais croisé à la capitale, ensuite arrive ce couple de retraités belge que j’avais rencontré sur la route avec Eugenia, en parlant avec un coréen il s’avère qu’il a passé du temps plusieurs semaines auparavant en Russie avec Dan un israélien rencontré plus tôt, ce même Dan a passé du temps toujours en Russie avec Enrico mon pote italien…. C’est comme ça tous les jours, ce petit monde de voyageurs se croise et se recroise sur les gigantesques pistes de Mongolie et d’ailleurs.


Je vais continuer mon voyage au Kazakhstan où je sais m’attendent déjà de vieux amis pour partager un peu de mon voyage. D’ailleurs Diaz qui vit à Astana a été motivé par mon voyage et est parti 2 semaines à moto. J’aime savoir que mon voyage inspire mes amis et ma famille. Hier en discutant avec cet américain, il a eu envie de rentrer aux USA par l’Europe, il veut acheter un side car oural et rouler jusqu’en France où je lui rachèterai la machine puis il s’envolera pour son pays. A suivre, ce sont des graines de destin qui pousseront ou pas. Ce matin un groupe de russes m’a donné plein de nourriture, ils sont supers tous ces gens qui prennent soin de moi comme ça, pour rien, pour tout.


Mon cœur est plein, mes pores sont ouverts pour sentir, mon esprit est posé, ma moto est heureuse aussi, je peux le sentir, malgré son grand âge et ses 200 000 km elle est toujours prête et semble voler des fois. Je l’aime cette moto, elle est comme moi et elle m’emmène à travers mon rêve tel un vaisseau  poussé par les vents de la vie. C’est ma compagne, mon repère ici et c’est mon outil de liberté. Quel excellent moyen de voyager, elle attire les foules plus que moi, elle fait sa star des fois avec beaucoup de pudeur et je peux lire le respect dans les yeux de ces personnes rencontrées quand je leur explique mon voyage. Très souvent on me dit que je suis brave et tellement courageux. Maintenant je ne cherche plus à expliquer que c’est simple, j’écoute et je prends ces compliments, ils me permettent des fois de réaliser encore un peu cette vie.


Une chose est sûre, j’ai appris une quelque chose d'important : le partage. J’ai tellement apprécié partager mon voyage avec Myriam puis avec Eugenia que maintenant je ressens vraiment un manque. Avoir des yeux en plus, un cœur en plus, pouvoir parler de la vie, de ces paysages, de ces gens, avoir cet autre regard est vraiment enrichissant. Peut être une personne partagera t’elle encore un bout de mon voyage.


Ce voyage se dessine jours après jours et j’aime à laisser faire, j’aime me laisser glisser sur les pentes douces de la vie. J’espère continuer en rentrant et une envie de voyages supplémentaires nait en moi, j’ai déjà des idées de voyages au long court pour plus tard. A suivre….


Je tiens à vous remercier, vous qui êtes en France et qui me donnez tant d’énergie, vous participez à la réussite de mon voyage car je me sens soutenu et je suis heureux de vous savoir intéressés et investis. Merci Maman pour cette aide logistique et ces beaux mails que tu m’envois, merci Papa d’être là avec douceur et respect, merci mes sœurs pour vos mots, merci ma famille et merci mes amis. Quelle chance j’ai !!!


Je vous embrasse tous très fort et je vous envois de belles ondes, de douces énergies et de belles photos qui vous font voyager aussi.

Michaël


Photo : Petit Prince amusé de ma guimbarde.



Voici que je m'apprête à passer la frontière. La même qu'il y a deux mois. Les mêmes routes et les mêmes paysages m'attendent en Russie. Mais c'est un autre Michaël qui glissera sur ces routes. Un Michaël riche de la Mongolie et du but atteint. Un Michaël plus posé, un brin nostalgique et plein de soleil dans les cheveux.

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