top of page
Photo du rédacteurMichaël Billecocq

Chapitre 11 : Le Kazakhstan vers l'ouest.



Après avoir transité à nouveau par la Russie, me voilà arrivé au Kazakhstan. C'est à la ville de Semey que je me repose un peu de ces quelques jours de route. J'en profite pour me signaler à l'immigration afin d'être en règles. Une fois de plus, je suis aidé par les kazakhs. Je ne comprends décidément rien à l'administration, il y a toujours un monde fou et je me fais passer devant sans arrêt par ces personnes qui savent exactement où elles vont. J’erre de bureau en bureau, il manque toujours un papier, une copie de papier. Je rencontre un homme qui va me guider dans ces méandres bureautiques. Nous partageons un repas et une ballade dans la ville. Il parle un peu anglais et me parle de lui, de la vie au Kazakhstan après la chute du régime soviétique. Il me raconte ce qui change, l'ouverture vers le monde, les produits nouveaux. Et il me raconte aussi sa peur. Je me rends compte que la peur du KGB est toujours très présente. J'avais déjà pu constater quelques fois de manière subtile les regards fuyants ou cherchants un témoin quelconque de la situation. Il me parle d'espions déguisés en voisins ou boulangers. Il me parle à demi mot de Poutine et de ses politiques : sa politique affichée et celle de l'ombre. Il a peur et aimerait partir vivre dans un autre pays. Très conscient il m'explique que sa peur émigrerait avec lui. Au fond il est Kazakh ou Russe, il ne sait pas trop.



29 août 2011

Semey, Kazakhstan

Hotel Semey

A tous !!!!

Hier, en Russie, après deux jours de froid de canard et d’humidité pénétrante, me voici arrivé à Barnaul. Je trouve dans la rue un spot wi-fi pour mon faire un envoyer/recevoir. Il devait être 5 heures. J’ai reçu un mail qui m’a donné beaucoup d’énergie. Je décide donc de me trouver un coin pour dormir mais avant ça je décide de fêter cette belle énergie avec une bonne Chachlik. Oui une bonne brochette comme on en trouve sur le bord des routes en Russie et au Kazakhstan. C’est le cœur léger, plein d’amour, le sourire aux lèvres que je prends la route dans la ville en direction du sud.


Mon nez ne me trompe pas, ça sent le feu de bois et la viande qui cuit. Entrainé par cette délicieuse odeur je stop la moto en face d’un café avec des tables dehors et un barbecue géant trône sur le coté gauche. Hum…. Chachlik !!! (brochettes de viande et de légumes) J’en commande donc une, me fais accueillir par un russe au grand sourire qui m’explique la marche à suivre. Haaa … je me sens le bienvenu et la salive me monte à la bouche en m’asseyant à ma table.


Manger une chachlik demande beaucoup de sérieux et d’attention. C’est pourquoi je n’ai pas remarqué ces deux demoiselles à la table d’à coté, bien trop occupé à déguster mes morceaux de viande. Mais j’entends de loin en russe : « tu viens d’où » cette phrase je l’ai tellement entendu que maintenant je la considère comme du bon français et mes oreilles envoient à mon cerveau l’information à toute vitesse. Hein ? quoi ? moi, je viens de France ! Et me voilà en un clin d’œil à leur table pour essayer de comprendre leurs questions. Première chose : les yeux ! ouh la la ! les yeux des russes et des ukrainiennes…. Des lacs d’eau claire avec une profondeur à s’y noyer, on peut tout y voir, jusqu’au tréfonds de son âme à soi. Natalia a les yeux bleus très clair et Alicia vert d’eau. Impossible de baisser le regard. Nous discutons tant bien que mal en russe, mais je m’en fout un peu de ne rien comprendre. Puis elles sont à la vodka et m’en propose un verre. Ben oui, bien sûr, ça détend !! La bouteille est déjà presque finie quand j’arrive à leur table et je peux voir aussi dans leur yeux qu’il y a du roulis, ça tangue au fond mais ça n’enlève pas cette incroyable magie, ce charme qu’elles m’ont jeté. Je leur plait c’est sûr et Alicia m’a demandé ma main.


Nous bavardons, il n’est pas tard, la musique augmente, et j’ai vraiment envie de danser. Ça fait un bout de temps que j’ai envie d’une grosse fête et de bouger mon corps. L’alcool réchauffe mes veines et tel Ulysse accroché à son mat, je m’efforce de m’accrocher au soleil. Alicia veut danser avec moi, elle s’occupe de moi, me recoiffe, m’offre du baume à lèvres pour guérir mes gerçures, m’en met du bout des doigt. C’est bon qu’on s’occupe de moi. Je paie ma tournée, une petite bouteille de vodka que nous finissons ensemble. Mes yeux captent le chant de ces sirènes et mon âme se laisse faire gentiment. Il ne se passe rien de mal, je reste accroché à mon soleil qui décline doucement, puis avec tout mon courage je décide de partir, je leur donne deux baisers, je laisse la musique, je laisse les sirènes, je romps le charme, j’enfourche ma moto, la fait rugir afin de me réveiller et file vers le couchant me trouver un espace où passer la nuit.


Je sais que cette douce rêverie aurait pu se transformer en cauchemar et j’ai préféré partir avec juste le bon, avec juste cette fraicheur dans leurs yeux, car j’y ai vu aussi l’insondable, l’infini, la fin.


Me voici donc au Kazakhstan pour la deuxième fois, demain je vais aller m’enregistrer à la police de migration puis vais partir vers le sud en direction des canyons fabuleux, puis de Almaty et le grand lac Balqash. Je vais retrouver mes amis à Almaty et je sais que je vais y avoir du bon temps avec eux.


Je vous embrasse fort, vous devez reprendre le boulot je pense à vous.

Michaël



Désormais je me dirige vers le sud du pays, je laisse les montagnes à ma gauche et me dirige vers un canyon majestueux (Sharin canyon) sur la route d'Almaty, ancienne capitale luxuriante.


Il m'a fallu une bonne heure pour trouver le passage menant à cette faille magnifique. La terre semble littéralement s'être ouverte pour laisser couler en son creux la rivière qui bouillonne à gros torrent. Je descends dans les entrailles de la terre et je ne vois plus l'horizon, juste le minéral sculpté par le vent. Au bout du chemin se trouve une sorte de petite oasis de verdure longeant la rivière bruyante.



Photos ; Sharing canyon.


Un gardien habite là, dans une petite maison de bois. Il a le sourire généreux et le regard franc. Il m'autorise à planter la tente et à passer quelques jours. Je rencontre un hollandais voyageant en solo et en stop. Il a à peu près mon âge et nous sympathisons. En fait je découvre pour la première fois la sensation de retrouver un frère, j'avais l'impression de le connaître depuis longtemps et nous avons passé beaucoup de temps à échanger sur nos visions du monde, de l'être humain et des sociétés. Nous concluons notre dernier échange éclairés par les étoiles et au son des cigales en nous offrant mutuellement un passeport subtil intitulé : « citoyen du monde ». Décidément ce voyage se ponctue de rencontres profondes et j'ai le sentiment que c'est moi que je rencontre à travers ses personnes. Je vois en face de moi une facette que je contiens.


Puis je prends la direction d'Almaty où je découvre une autre facette de ce pays. Quel contraste, sur les routes qui m'emmènent à Almaty, il y a des vendeurs de fruits à profusion, bien juteux et frais. J'ai l'impression que cela fait des mois que je n'ai pas vu la luxuriance de la végétation. J'en profite pour me rassasier de cette manne.


Almaty est l'ancienne capital du Kazakhstan qui après la chute du bloc soviétique semblait trop vulnérable et trop proche des pays voisins et c'est alors qu'une nouvelle capital fût érigée en pleine steppe se nommant Astana. Cette ville se trouve au pied des montagnes et je me sentais arriver en terre connue. La ville est construite de manière assez aérée avec de larges boulevards et je sentais que se dégageait une atmosphère douce et structurée.


09 septembre 2011

Almaty


Très chers tous,

Voici quelques photos de mon séjours à Almaty. Je reste ici une bonne semaine en attente de mon colis qui est arrivé et que je dois aller chercher chez mon ami Azamat et puis ce week-end je vais partir avec Diaz, Igor un de ses amis qui me loge généreusement et peut être avec un autre ami.

Je suis vraiment surpris par l’hospitalité des ces gens. J’arrive à Almaty et Diaz et Azamat sont à Astana, mais pas de problème, Diaz appelle un pote et le tour est joué, le soir même je suis accueillis par Igor qui ne parle pas très bien anglais mais qui est d’une générosité hors bornes. Il est motard aussi et le premier soir il appelle des amis à partager un repas et une ballade à pieds et le deuxième soir m’emmène avec un de ses amis en vadrouille dans les montagnes. Impossible de payer quoi que ce soit. Mais les villes ça va un temps alors mercredi je suis partis dans les montagnes et puis je suis allé voir un site de pétroglyphes datant de l’âge de bronze si j’ai bien tout comprit. Ce fût 3 jours de questionnement aussi sur certaines choses que je voudrais changer en moi. Ce fût fort intéressant.


Hier sur la route je vois arrivé une moto tous phares allumés, elle à l’air grosse, ce doit être un touriste. Main levée je dis « bonjour ». Nous nous arrêtons, la plaque est française, un compatriote parisien, le pilote enlève son casque : mais non c’est une femme qui pilote le dernier modèle de chez Honda : le dernier 800 VFR sortit en juin. Cette blague !!! Mélusine est sponsorisée par une marque de pneu et par Honda (Honda prête la machine pour un test grandeur nature sur la route de la soie). Voilà elle paye son voyage comme ça. Epatant non ? Nous partageons une bonne chachlique pour discuter un peu. Et puis, première altercation de mon voyage. Un Kazakh bourré à une table voisine voulait absolument parler avec moi. Au début, ça se passe bien, je refuse gentiment son invitation à joindre sa table expliquant que je suis en train de parler avec une compatriote. Puis il commence à gueuler en ma direction. Je lui explique que je ne parle pas Russe ni Kazakh une fois, deux fois, trois fois. Il fait tellement de bruit que je n’arrive pas à l’ignorer et il vient s’asseoir à coté de moi et commence à me parler très fort en me tenant le bras. Encore une fois je hausse le ton en disant : « STOP » Je me lève, il se lève, me dégage et d’un air sévère lui fais comprendre de ne plus me toucher. Je lui explique qu’être dans un état pareil à midi est une honte pour son pays. Il faut que je gueule plus fort et que par mon regard je le tienne à distance. Les gens présents n’osent intervenir, pourtant je les appelle du regard. Il essaye de m’agripper et là je réagis violemment, je me dégage et l’oblige à rester loin de moi. C’en est trop, il est scotché sur sa chaise maintenant gueulant je ne sais quoi et nous, on part sans un regard. Pour s’excuser de cet incident, le patron m’offre une peau de marmotte fraichement chassée. La veille dans la montagne, idem, un berger à cheval complètement bourré grimpe sur la moto, me demande des choses que je ne comprends pas et il faut que je le vire de mon territoire. Ces expériences me prouvent que j’ai bien évolué dans mon voyage, je trouve ma place dans ce monde et je n’accepte plus l’invasion de mon territoire. Je n’ai pas eu peur et tout s’est bien fini.



Photo : Mélusine.

L’alcool est un véritable fléau dans ces pays ex soviétiques. Le pire c’est la Mongolie, nombre de gars gisants dans la rue, nombre de personnes croisées dans la steppe le regard vide et le pas non assuré. Du matin au soir je suis témoin des méfaits de l’alcool. Dans les magasins mongols, il y a la moitié de l’étalage proposant de l’alcool et le quart proposant des friandises. Il reste donc un quart pour la nourriture et les besoins du quotidien.

Peut être est ce la fin de l’été, on se prépare à l’hiver, la végétation a jauni et les beaux jours sont presque derrière.


Je vais rester dans le coin jusqu’à jeudi je pense car Azamat revient d’Astana et je voudrais bien passer un moment avec lui et sa famille. Ensuite je reprendrai la route vers l’ouest, je vais traverser le désert à l’ouest de la mer d’Aral en direction d’Aktau. De là je prendrai un bateau pour l’Azerbaïdjan, puis la Géorgie et la Turquie. Je n’ai pas pris de visa russe, on verra bien sur place mais je pense que tout ira bien.


Je vous embrasse fort. Et merci encore pour tous vos mails et j’aime y lire ce qui se passe pour vous.


Prenez soin de vous.


Michaël



Je rencontre Igor un amis de Diaz et Azamat que j'avais rencontrés à Astana lors de mon dernier séjour au Kazakhstan. Je passe quelques jours pendant lesquels je profite de tout ce que peut offrir une grande ville : sorties entre hommes, terrasses de café, magasins. Puis, rassasié de ce contexte, je repars en direction de l'ouest.


La route est longue, d'autant plus que je sens que je me rapproche de l'Europe. Le sud du Kazakhstan est bien différent du nord. Ici la population est typée asiatique et de confession musulmane. Je découvre des temples magnifiques aux allures perses. Les personnes que je croise sont moins démonstratives mais toujours aussi accueillantes.




Photos : Monuments croisés sur ma route.

Sur la route, je découvre de loin le site aérospatial de Baïkonour, encore un rêve de gosse réalisé. Il se trouve au milieu de nul part en pleine steppe. Non loin de là je trouve un coin de paradis en bordure de rivière où je passe quelque jours de repos.



Photo: Site de Baïkonour.


N 44°16’31.1’’

EO 66°19’52.8’’

17 septembre 2011

Ma famille, mes amis,

Je me suis arrêté au bord de la rivière Syr Darya. Elle coule lentement entre deux rives de sable, de méandres en méandres elle alimente doucement la mer d’Aral. Je suis étonné par cette eau tranquille, elle semble étale, douce, elle prend son temps. Je me suis baigné dans son eau chaude et trouble, quel plaisir que de nager nu dans ce décors naturel, justes quelques vaches et chevaux comme spectateurs. J’avais besoin de m’arrêter, de reprendre mon temps, mon rythme, ce coin est parfait. Ça fait donc deux jours que je partage ce lieu avec chevaux, vaches, ânes, oiseaux migrateurs, insectes et ce ciel avec ce soleil qui tourne autour de moi juste pour me chauffer, juste pour me dire que le temps passe. Et comme si c’était pas assez, il se couche dans l’eau, le soleil se marie avec la rivière, le feu fait corps avec l’eau en toute simplicité.


Photo : rivière Sur Darya.


Je suis heureux ici et maintenant, cette maison qui est mienne depuis plus de quatre mois est magnifique et je ne cesse de la découvrir.Tous les jours elle m’apporte quelque chose de nouveau, elle est le reflet de mon âme. Je comprends bien les jours où je ne vois pas ce qu’elle me donne, ces jours sont des jours de fatigue, de questionnement et là je ne vois plus ce qui m’entoure ni la beauté. C’est comme ça, rien n’est linéaire, même les rivières ne prennent pas le plus court chemin, elles évoluent de gauche à droite, comme une sinusoïde à l’infini. Des jours je suis au bord des larmes devant un spectacle simple mais qui me donne tant de joie et des jours je ne vois rien et me demande ce que je fais là, seul.


Photo : Campement au bord de la rivière.


La solitude. La solitude ne me pèse pas, je dois dire que j’aime ça. Mais c’est la solitude des jours tristes, la solitude des moments même avec plein de gens où on aimerait être ailleurs qui me déplait. Ces moments de stop pour quelques jours, pour quelques jours où je ne suis pas sur ma moto, oui, c’est simple, sur la moto on réfléchit pas aux mêmes choses, mon esprit vagabonde, mais il vagabonde en surface, gare à la route, ces moments de stop sont pour moi source de réflexion intérieure et de ressentis profonds. Dans ces moments je me rends compte de ce que j’accomplis chaque jour en toute simplicité. Je prends conscience de qui je suis et je tâche de comprendre ce vers quoi je tends, ce vers quoi je file. Je prends conscience de mes forces et de mes faiblesses, je comprends que je fais partie d’un tout et que sans moi le monde serait différent, comme il le serait sans vous. Je suis un équilibre entre force et faiblesse et l’un ne va pas sans l’autre. Mes faiblesses me renforcent et il faut de la force pour accepter mes faiblesses. J’en suis là, doucement. Je prends conscience de mon incroyable faculté à entreprendre sans peur, de mon incroyable adaptabilité, de la force avec laquelle j’appréhende la vie, du bien que je fais autour de moi. Et je prends conscience d’un manque terrible là, entre le cœur et la gorge. Il me manque un side, une moitié différente pleine de vie, la tête en avant, l’énergie de l’insouciance, les cheveux au vent, allez on y va !! locomo, locomo !!!! Cette partie qui pourrait décupler mes forces et permettrait d’aller encore plus loin, plus fort dans la vie, transcender la beauté, acclamer la vie, rendre grâce à l’univers. Je me sens différent depuis toujours, aujourd’hui j’ai retrouver ma flamme profonde, ma flamme primitive, primaire, celle qui vient de l’enfance et même d'avant. J’accepte. Mais cette différence me saute à la gueule des fois et j’aimerais crier : « réveillez vous, réveillons nous, c’est facile ». Alors je passe, oh oui je donne, j’écoute, je partage mon énergie bienveillante, mais je passe. J’aimerais c’est sûr rencontrer cette moitié qui partagerait la même insouciance, la même force de vie. Un jour viendra. Rencontrer tant de ces voyageurs m’a donné espoir : il existe donc des gens comme moi !!!! des gens qui vont, des gens qui font, des gens qui pensent, des gens qui écoutent. Oui je patiente. Il y a des paysages, des situations qui sont faits pour être partagés. Là tout est pour moi. C’est trop et c’est pas assez.



Photo : Autoportrait.

Dans ces moments où je laisse aller mes émotions, me vient très souvent cette envie : pleurer. Je sens l’émotion me remplir la gorge, mes yeux me piquent mais ma gorge se ferme et justes quelques gouttes coulent le long de mes joues. Des fois un sanglot réussit à s’extraire et défigure mon visage une fraction de seconde. Frustration. J’ai tant à pleurer que je crois que je pourrais pleurer une semaine entière. Je voudrais pleurer mon enfance, pleurer Samuel, pleurer mon divorce, pleurer mon grand père, pleurer le star’s memory mais j’aimerais aussi pleurer mon bonheur, pleurer mes réussites, pleurer la beauté, pleurer l’amour. Mon esprit comprend mais mon corps se souvient. Ce vieux vieux réflexe : pas de bruit, pas de vagues, ne rien laisser paraître, se fondre, ne pas exister. Aujourd’hui j’existe, je tends vers la vie et c’est pas fini. L’aventure continue.

Si j’ai ressenti le besoin de faire une pose c’est que mon temps à Almaty m’a épuisé. J’y ai rencontré des personnes chouettes, j’y ai fait une fête du tonner qui m’a fait du bien. Mais cette ville est vite une prison et ces personnes adorables qui m’hébergent, me gâtent, me sortent, me nourrissent, me baladent, me prennent au final beaucoup d’énergie. Je suis sollicité de toutes parts, il suffit que je m’arrête à la terrasse d’un café pour écrire mes mails que je me fais illico aborder. C’est rigolo, ça flatte l’égo, mais c’est pas mon rythme et j’ai bien compris que je pouvais perdre mon rythme une semaine mais pas plus. Et puis c’est pas simple d’être hébergé en ville avec un parking qui n’est pas tout près. Il faut tout organiser en fonction et ce dans un pays inconnu, dans une ville inconnue et parlant une langue inconnue. Mais je les remercie tous pour leur disponibilité et pour ce qu’ils m’ont donné.


J’ai rencontrer une nouvelle fois Mélusine (www.melusinemallender.com) sur la route, c’est rigolo, nous avons partagé un nouveau repas ensemble puis elle est partie très vite pour cause de fin de visa. Sa vision du voyage est très intéressante, c’est une femme et elle ne vit vraiment pas les mêmes choses que moi. Notamment cette constante vision des hommes qui la croisent. Oui, pour eux, une femme voyageant seule est forcement une femme facile avec qui on peut coucher comme ça, y a juste à demander et encore… Elle à donc de réelles discussions qu’avec les femmes et moi j’échange qu’avec les hommes.


Je vais me diriger vers Aralsk pour la deuxième fois. De là je vais aller vers Aktau ville au sud ouest en traversant le désert. Mes amis belges m’ont envoyé les coordonnées GPS de la piste qui le traverse. Ils l’ont traversé d’ouest en est. Il y a environ 400 km sans essence et sans eau, je vais assurer le coup. En rejoignant Azamat mon ami d’Astana qui était de retour à Almaty j’ai rencontré un de ses amis : Denis. Nous avons discuté et il s’avers qu’il travaille avec l’Azerbaïdjan. Le lendemain sa société envoyait une lettre d’invitation pour moi au consulat d’Aktau. Voilà qui va faciliter mes démarches.


Merci Maman pour le colis, merci Maman pour le bouquin que j’ai lu dans la journée. Merci Alice pour ton mot et tes photos. Merci Papa pour ton bouquin que je dévore et les DVD. Merci Marie et Maéva pour les petites douceurs et les photos et vidéos de Lina. La moto est réparée, les huiles changées, les filtres neufs, les clignotants fonctionnent et mon deuxième rétro m’est bien utile.

Je vous embrasse.

Michaël


Mon voyage continue, de rencontres en rencontres, d'aventures en aventures, la distance qui me sépare de mon prochain objectif se réduit de jour en jour.


Aktau est la ville qui se trouve au sud ouest du Kazakhstan en bord de la mer Caspienne d'où je souhaite prendre un bateau pour rejoindre l’Azerbaïdjan. Il me faut passer à nouveau par la ville d'Aralsk au bord de l'ancienne mer d'Aral. Puis je dois traverser le désert du sud ouest qui est la route la plus courte pour atteindre Aktau.


Encore une fois, c'est le saut dans le vide, je peux me fier à mon instinct, à quelques points GPS donnés par un couple de belges rencontré en Mongolie, et à la rencontre des quelques personnes qui se trouveront sur mon chemin.



Dimanche 25 septembre 2011

Aktau

Déjà 28000 km

Très chers tous,

I did it !!!!!

Je suis arrivé à Aktau ce matin !, cette ville d’extrême sud ouest du Kazakhstan, cette ville sortie du désert il y a 50 ans et qui tire son eau de la mer après avoir enlevé son sel grâce à une centrale nucléaire. Et oui il y a de l’uranium ici et il est directement utilisé à cette fin. Il y a aussi énormément de pétrole. Cette ville est comme une oasis dans ce coin perdu, perdu, perdu.

Difficile fût ma route pour arriver jusqu’ici. Tout d’abord, n’ayant pas lu attentivement le mail des belges, j’ai voulu contourner la mer d’Aral par le nord. La mer fait aussi frontière avec l’Ouzbékistan. Me voici donc parti après vous avoir envoyé mon dernier mail et m’être fait viré de la ville d’Aral par la police (je n’ai toujours pas compris pourquoi) vers le nord. Je trouve la route qui va me permettre de passer à l’ouest. Arrivé au village, je demande la direction d’Aquespe. Je me retrouve dans une décharge à ciel ouvert avec une certaine piste évasive qui plonge vers le sud. Au loin le ciel est magnifique, il est gris noir et je peux apercevoir la pluie qui tombe drue… mais c’est très loin et le spectacle est splendide. Je croise alors quelqu’un qui me dit que la direction n’est pas bonne. Demi tour afin de trouver la bonne piste. De retour au village, le gris se transforme en jaune. Magnifique de loin. Tempête de sable terrible. Elle vient vers nous. Je me réfugie dans une station service. Je ne vois pas à 10 mètres. Le vent souffle et semble tout emporter. Puis comme ça, elle passe. Je décide donc de chercher la bonne piste, quand la pluie arrive. Oh pas grand-chose, quelques gouttes, c’est pas bien grave. Puis les gouttes grossissent, me giflent le visage, me pousse à contre sens. Le ciel me dit que c’est pas la bonne direction mais têtu comme je suis, je ne l’écoute pas. Alors comme pour appuyer le ciel, la terre s’y met. Ici, avant était la mer, le sol que je foule était le fond et était recouvert de plusieurs mètres d’eau. Cette terre si dure est en fait une vielle vase séchée et tassée par le temps. Alors cette eau qui tombe du ciel ruisselle, n’arrive pas à pénétrer cette terre qui a jadis retenue tant d’eau. Un pellicule de vase glissante comme de la glace se forme. Me voici chutant et glissant sur plusieurs mètres, je me demande si ça va s’arrêter, à si faible vitesse, la moto glisse, glisse sur le flanc droit et moi je glisse, glisse sur le flanc droit. Comment faire pour remettre debout une moto alors que mes pieds ne peuvent tenir sur cette terre qui me refuse. Après un temps qui me paru infini je réussis à faire demi tour. Et c’est boueux et éreinté que je me retrouve au village. Plus de force, je suis tombé trop de fois et mon énergie est partie à remettre la moto sur ses roues, des fois pour la voir tomber de l’autre coté. A ce moment il est tard, environ 17 H 00 et là je me dis que je ferais mieux de faire 2500 bornes de plus et passer par le nord, par la « route ».




Photos : tempête.


Mais je prends du recul et m’octrois une nuit réparatrice dans un coin perdu. Après relecture du mail, il s’avère qu’il y a un passage sur la digue qui coupe la mer d’Aral et c’est au sud. La décision est prise de rouler au sud le lendemain, passer Aral, le lac où j’avais dormi quelques nuits avant. Tout se passe bien, la route est bonne et se transforme en piste douce. Je traverse donc la mer et me dirige vers l’ouest. Je sais qu’il y a de l’essence à Bozoy, alors même si j’y arrive avec ma réserve, c’est pas grave. Avant Bozoy j’ai roulé sur des pistes de toutes beautés, ondulants entre des petites dunes, croisant des chameaux et pas d’humains. Mais là, toutes les stations services sont à sec. Prochain village avec de l’essence est Beyneu (350 km plus loin après le desert). Ok, je me dis qu’il y a une solution et après avoir fait le tour du village, un gars veut bien me vendre 35 L sous le manteau au double du prix normal !! Et oui, business is business. J’accepte et me voici reparti vers l’ouest avec un fort vent de nord ouest froid. Et de Bozoy à Beyneu (environ 2 jours) ce ne sont que des piste de fez fez (sable très léger, comme de l’eau sous les roues et sous les pieds. Sorte de cacao très aéré. En plus cette poussière fine entre partout, tout est poussiéreux et ça crisse sous les dents), environ dix pistes se croisent et se recroisent, des fois le début est bon puis tout doucement la piste s’enfonce dans de profondes ornières d’où il m’est impossible de sortir. Mes valises frottent, je perds l’équilibre, je tombe. Peut être 50 fois. Pas de mal, juste plus d’énergie. La piste ne veut pas de moi et je sens que je force. En fait j’ai peur. Cette immensité sans personne et moi là tout seul avec mon essence qui part vite avec ce sable. J’ai peur de me retrouver coincé au milieu de nulle part. En plus, le deuxième jour au matin j’ai un problème d’embrayage. J’ai perdu 2 cm de garde sur mon câble. Je ne comprends pas. Je règle le câble et ça se dérègle tout le temps. Un temps j’imagine qu’il va me lâcher là. Mais j’arrive à Beyneu. Ouf !!!!! Essence !!!!! eau !!!!! pharmacie !!!!!. Pas de bol. Les stations sont vides. Pas une goutte d’essence. J’espère en avoir assez pour aller au prochain village environ 200 km plus loin. J’avais fait des réserves et pris des litres en plus dans des bouteilles d’eau. Heureusement. Je roule sur une route pourrie, impossible d’avancer à plus de 50, une route cassante, cassant des machines et des hommes. Et j’arrive au fameux village. Là pareil, pas d’essence. Rebelote un gars me propose de me vendre 10 L. J’accepte, j’aurai juste assez pour arriver au village suivant à environ 120 km. Re-route pourrie, puis soulagement : essence. Mais plus un radis. Juste de quoi acheter pour aller à Aktau. Et c’est sur une route goudronnée cette fois que je finis le voyage. Je croise un cycliste anglais qui va prendre la même route que moi en sens inverse : bon courage James !!





Photos : bords de la mer d'Aral.

Voilà c’est dans cette ville qui pue le mazout et aux tarifs parisiens que je vous écris ces mots. Demain à 9H00 je vais aller au consulat d’Azerbaïdjan pour demander un visa, puis j’irai acheter mon ticket pour le ferry. Je compte traverser l’Azerbaïdjan et la Géorgie rapidement afin d’arriver en Turquie et réparer la moto. S’il faut changer l’embrayage ça va coûter encore un bras et la moto va finir par être neuve. Ensuite je ne trainerai pas et vais rapidement aller en Italie au sud et prendre un autre Ferry pour la Tunisie où je vais passer une bonne semaine. A suivre.


De l’autre coté de la Caspienne c’est l’Europe, c’est proche de vous, c’est la rentrée, ça me plait, je suis bien dans cette direction de l’ouest. Je serai de retour vraisemblablement en novembre. Ça va arriver vite.


Encore quelques photos. C’est beau et je suis vraiment heureux. Je commence à me projeter et à me poser des questions sur mon retour. J’ai quelques projets en tête, je verrai bien ce que je sens en rentrant mais il est fort probable que ma vie ne soit plus comme avant. Je ne vais probablement pas reprendre mon appartement et m’offrir de m’ouvrir à toutes les opportunités. Je connais des amis qui seront heureux de m’héberger quelque temps, le temps de voir. Je pense que je vais continuer à voyager…. On verra.


Je vous embrasse fort.


Michaël.



Aktau où je vais vivre une attente interminable avant de trouver le bateau qui me fera quitter ce beau pays et ses habitants.


Le 04 octobre Aktau


Ma famille, mes amis,

Vous souvenez vous ? je suis arrivé à Aktau après avoir traversé les steppes désertiques du sud du Kazakhstan. J’ai passé deux nuits à l’hôtel afin de décompresser et de voir un peu ce qui m’attend pour obtenir mon visa pour l’Azerbaïdjan et pour savoir quand est prévue la prochaine traversée de la mer Caspienne. L’hôtel est à l’entrée de la ville, un peu excentré mais reste cher. En revanche le service est parfait et la chambre luxueuse avec douche chaude, lit double, bureau et TV. Le petit déjeuner est compris dans le prix (chose rare dans ces pays d’ex URSS). Rapidement je me rends compte qu’il va falloir attendre. J’ai rencontré un couple de français à vélo qui part le soir même pour Baku, ils sont chanceux car arrivés le matin d’Ouzbékistan ils repartent illico pour l’Azerbaïdjan. Le prochain départ est donc au minimum dans une semaine le temps que le bateau fasse l’aller, charge et le retour. De plus pour obtenir le visa il me faut attendre quatre jours. Délais normal.

Ce lundi après mon arrivée je croise Misa à l’ambassade, nous ne nous parlons pas car trop occupés à attendre le consul, moi je parle avec un Roumain qui vit au Kazakhstan depuis plusieurs années. Nous sympathisons et il me donne un coup de main pour trouver la banque où payer le montant pour le visa. Tout est facile quand on fait connaissance avec ces personnes aidantes. Sans elles, une simple démarche administrative se révèle un calvaire pour un français ne parlant pas la langue. C’est rigolo, il est réellement heureux de me rencontrer et de me rendre ce service.


Calculant rapidement la somme que je devrais dépenser si je reste à l’hôtel une semaine je décide d’appeler Denis l’ami d’Azamat qui m’avait proposé ses services. Illico, je me retrouve dans cet appartement au huitième étage d’un immeuble tout neuf. Bon ok il n’est pas meublé mais il y a eau chaude, toilettes et électricité. Que demande le peuple !!! Me voici dans cet ambiance zen à la japonaise : mon matelas pneumatique au sol, et mon ordi posé sur l’évier diffusant la musique. Entre temps je suis allé au port pour avoir des infos. Je rencontre un responsable qui parle anglais et lui laisse mon numéro de téléphone kazakh. Il m’appellera quand il aura des infos. Le jeudi je récupère mon visa et je parle avec Misa cette japonaise voyageant en stop en Asie centrale, elle va aussi à Baku et ne sait pas comment faire pour avoir des infos sur le départ du bateau. Ok, dés que j’ai les infos je transmets par mail.


Enfin mon visa, je suis donc prêt à partir. Le responsable du port me dit qu'un bateau partirait peut-être vendredi !!! super, pile poil pour moi. J’attends confirmation, j’attends, j’attends, j’attends, passe des coups de fils pour être mis au courant. Mais toujours la même réponse : peut être demain. Interminable attente pour moi, je me sens enfermé dans cet appartement, dans cette ville. Je ne peux pas aller me balader très loin, la moto déconne et mon pneu arrière est vraiment dans un sale état. Déprimante attente. Malgré ce temps que j’ai, je n’arrive pas à me reposer et je suis sujet à des insomnies ne supportant plus le bruit. J’ai tellement dormi dans des endroits tellement silencieux que maintenant je suis réveillé par une porte qui claque, ou la musique de l’ascenseur. Et oui, l’ascenseur est musical 24/24 et aillant la tête au sol, les vibrations passent par la dalle de béton et arrivent à mes oreilles qui depuis mon départ deviennent de plus en plus sensibles. J’ai l’impression d’entendre de mieux en mieux, j’ai l’impression que mon ouï s’accroit et je perçois une plus profonde dimension du son. Alors des fois c’est chouette en pleine nature de pouvoir entendre des sons d’animaux ou d’insectes mais dans un environnement urbain ou près des routes c’est insoutenable.


Mardi ça y est, le bateau va partir alors nous devons être au port à 9 heures. Je contacte Misa et passe la prendre à son hôtel. Arrivés au port, finalement c’est vers 16h00 que le bateau part. Ok, nous prenons les billets, je passe 2 heures dans différents bureaux du port afin de tamponner mes dix feuillets et je rentre à l’appartement. Misa n’est pas en vue, elle à dû rentrer. Retour à 16h00, en fait Misa est restée attendre dans une salle seule pendant toute la journée ! Tout est prêt. Nous attendons, attendons. Vers 21h00 je me renseigne une fois de plus et là pas de bol, tempête, le bateau n’arrivera pas ce soir. Peut être demain ! 10h00 Je laisse la moto en zone de chargement et le taxi arrive et nous emmène à l’hôtel de Misa, j’ai rendu la clé et il est trop tard pour déranger le responsable. Alors nous voilà partageant une chambre au décors intemporel à attendre encore et encore pendant deux jours.


Jeudi coup de téléphone : le bateau part ce soir, soyez là à 16h00. Cool !!!! courses de bouffe, taxi et go au port. Attente encore et encore mais au moins le bateau est là. Déchargement et chargement des camions énormes. Je participe aux manœuvres et suis vraiment impressionné par la justesse et la précision des chauffeurs. Les camions sont rangés, alignés, rétro plié contre rétro plié, on a du mal à circuler entre ces machines. Les lumières sont belles dans cette nuit noire, les projecteurs puissants éclairent d’un jaune chaud les zones de travail, les couleurs changent et sont électriques, les ombres portées sont gigantesques et les lignes des grues et des supports de construction donnent une autre dimension à la nuit, comme si tout ça se mettait à se réveiller la nuit, comme si tout prenait vie comme ça à la chaleur des lampes. Chargement de la moto tard vers 2h00 du mat. Puis repos dans la cabine que je partage avec Misa. Elle dort depuis peu car on l’a laissé rentrer que tard, peut être 2h00 avant moi.




Photos : Embarquement à bord.


Samedi matin le bateau appareille et quitte le port. Au revoir Kazakhstan, au revoir Aktau. La mer est calme, le ciel est bleu, l’obus brisant les vagues est comme un dauphin jouant avec les vagues, il semble respirer, un coup dans l’eau, un coup hors de l’eau à un rythme infini. Curieusement le bateau ne fait pas de bruit, les pistons ne cognent pas la carcasse d’acier, c’est un doux vrou vrou qui émane des cales, un calme et doux vrou vrou. À bord on s’occupe comme on peut, nous sommes une trentaine en plus des gars de l’équipage, on parle, on blague, on joue aux cartes ou à un jeu que je ne comprends pas, on boit aussi, les bouteilles de vodka roulent et les yeux s’embrumes. Moi je suis là, je tâche de capter l’atmosphère, je sens, je photographie, je reste un peu en retrait, à l’écart. Je ne suis pas fan de ces ambiances de mâles au poignées franches et aux blagues d’une autre dimension. Mais j’apprécie leur compagnie et j’apprécie de me plonger dans ce monde pour quelques jours.




Photos : Ambiances du bateau.


Ces hommes sont des nomades des temps modernes, ils roulent, ils voguent, loin de chez eux, et si chez eux c’était pas ici justement loin d’un monde qui ne leur correspond pas. Oui, ils sont loin de leur femme alors quand une belle japonaise partage leur route, ils veulent lui montrer les coins sympas du bateau, dans la cabine de l’un il y a l’eau chaude, dans la cabine de l’autre les toilettes sont propres… Non je suis médisant, tous n’étaient pas comme ça, quelques uns seulement, suffisant pour être un peu lourd. Quand pour moi, les idées de ces mêmes gars était de savoir ce qu’il y a entre nous et ce que nous faisons dans cette cabine. Alors on regarde par le hublot, on entre dans la cabine sans frapper avec une excuse bidon… J’ai beau expliquer que nous ne sommes que des amis, ils ne veulent pas comprendre que nous puissions passer du temps dans un environnement si proche et que rien ne s’y passe. Grands moments de solitude. Heureusement que certain ne ce prêtent pas au jeu et sont vraiment aimables. Tous le sont d’ailleurs, l’ambiance est vraiment sympa mais je ne m’y sens pas vraiment à ma place. Puis arrivée de nuit à Baku.


Je vous embrasse.


Michaël.



Au revoir Kazakhstan !!



03 octobre Aktau.


KA3AXCTAN !

2 mois, j’ai passé deux mois en ton sein, 2 mois de surprises quotidiennes, 2 mois de sourires généreux, 2 mois dans une nature étonnante de planéité, 2 mois sous ton ciel si bleu. J’ai roulé sur tes routes, j’ai rencontré tant de cœurs ouverts, j’ai croisé tant de sourires dorés. La platitude de ta géographie a un effet reposant, les distances s’allongent, le temps rétrécit, la rigueur de ton climat tanne le visage de tes habitant, le vent fait danser les quelques arbres qui tentent de survivre, les chameaux mêmes tanguent sous ta force. Cette nature si sauvage, si normale, je me rappellerai longtemps de ces bruits entendus dans la tente : chevaux, oiseaux, vaches, chameaux, chacals, chiens errants, ânes, insectes. L’odeur de la steppe sous mes pas, cette odeur si particulière, des fois on peu la voir avant qu’elle ne pique le nez, essence douce que donne cette terre si « pauvre », elle donne le meilleur. Cette terre sous mes pieds des fois noire et grasse et des fois blanche et poudreuse, saturée de sel.


Tu es la surprise de mon voyage, la cerise sur le gâteau. J’ai été gâté par la Mongolie et sa nature si présente si belle, si sauvage, si fuguasse, si brute. Tu es le frère de l’enfant sauvage, l’eau calme qui coule et nourrit ton peuple.


Et puis, il y a mes amis : Zheksen, Alpamys, Askerov, Azamat, Diaz, Evgeny, Igor, Maria, Talgat, Nargis et tous ceux que j’ai croisés le temps d’un sourire, le temps d’un encouragement encore et encore, d’un repas offert au voyageur. Toutes ces personnes dans les yeux desquels je me voyais courageux, un peu fou, dans ces regards je voyais la bienveillance, on me donnait toujours quelques mots de courage, des talismans pour protéger mon chemin, j’y ai lu un profond respect.


C’est nouveau pour moi et j’ai pu apprendre à accepter d’être un héro pour tant de personnes, j’ai fait rêver, j’ai ouvert la route à d’autres voyageurs qui n’osaient pas. Diaz est donc allé au Pamir en moto pendant que j’étais en Mongolie. Ce voyage il me l’a dédicacé. Et puis ce geste de recul, d’incrédulité quand après la question posée : « tu voyage tout seul ? » je répond oui, ces yeux grands ouverts, la tête partant légèrement en arrière et puis de gauche à droite et puis on respire, on y croit, ils me croient, ils n’ont qu’a me regarder.


Merci, merci, merci.


Ce sourire, ce sourire, j’aimerais le voir encore et encore. Tu m’as tant donné, voyager sur tes routes fût si simple. Ka3axctan au revoir, je reviendrai c’est sûr, j’ai des attaches chez toi maintenant. Ton pays, cinq fois le mien est doux pour celui qui voyage lentement, surprenant pour celui qui ouvre les yeux, plein d’amour pour celui qui ouvre son cœur.


Merci, merci, merci. J’ai pleuré sur ta terre mais mes larmes n’ont pas remplient ta mer qui se meurt. Puissent les hommes demain être plus patient, plus respectueux.


Je t’embrasse de mes deux bras ouverts.


Michaël.




Voilà l'aventure Kazakhe qui se termine. En quittant ce fabuleux pays, je m'apprète à retrouver une civilisation plus proche de ma culture. Cela va se faire en douceur et j'ai l'impression de laisser une partie de moi dans ce pays, une manière de vivre le moment présent en étant très proche de moi.


À suivre la transition avant de rejoindre l'Europe, puis la Tunisie.


Michaë

17 vues0 commentaire

Commentaires


bottom of page