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  • Photo du rédacteurMichaël Billecocq

Lundi 07 décembre 2020

Je Suis Michaël.


Préambule : Mes grands parents sont âgés et ma grand-mère est à la fin de sa vie. J'ai demandé à ma mère de leur lire cette lettre. Ma grand-mère est actuellement à l'hôpital à Versailles.


En écrivant les mots qui suivent, je me suis senti très relié à ma famille de chair, à un pan de mon histoire, à ces deux être que j'ai simultanément dans la conscience comme étant humains et divins. Les émotions se mélangent et c'est la joie qui prédomine. La joie d'avoir partagé cette aventure avec eux, la joie de les savoir à l'aube de nouvelles expériences, la joie de ressentir l'amour.





Hommage à mes grands parents.



Chère Mamita et cher Bon-papa,


Je prends ce soir un moment avec vous deux.


Je veux par ces mots vous témoigner de tout l'amour que je ressens pour vous et de toute la gratitude d'avoir pu partager ma vie avec vous mes grands-parents.

Je garde énormément de bons souvenirs. Les premiers qui me viennent à la conscience sont des siestes où je suis allongé avec Jordie. Tout me paraissait calme et sécure. J'avais mon pouce dans la bouche et je sentais la douce chaleur et la bienveillance du chien sous ma tête. Et puis, il y avait les animaux dont je me sentais si proche, comme toi Mamita. Je me souviens des collages avec des images d'animaux que je faisais pour te les offrir. Je me souviens aussi des baisers un peu brusques et piquants de Bon-papa. Je me rappelle que je sentais derrière cette apparente rigidité un grand amour qui avait du mal à s'exprimer. Peut-être n'avais-tu pas appris à exprimer tes émotions car cela ne se faisait pas pour un homme. Qu'est-ce que j'aimais entendre le son du piano chez vous. Bon-papa jouant son air favori et reprenant les passages plus délicats. Il y avait aussi le chant des oiseaux à Versailles, les fleurs, les arbres et la petite terrasse où j'aimais faire rouler mes petites voitures. Plus tard, je faisais du cross avec mon vélo entre les fleurs et je sautais la bosse près du portail.


Plus tard, je me rappelle des parties de jeux avec Thomas que j'aimais chambrer et qui me le rendait bien. Les moments de construction avec les légos techniques sur le tapis du salon pendant que les grands parlaient. Et puis il y avait les réunions de famille qui me semblaient parfois être des pièces de théâtre où se jouaient des scènes connues, il y avait souvent un petit drame et des petites histoires qui me semblaient loin de mes préoccupations. La vie de famille quoi !!


Et puis il y a la grange. Ah ! la grange. Si vous saviez à quel point ce lieu a été structurant pour moi pendant très longtemps. C'était le seul lieu où je pouvais vivre des moments magnifiques et qui restait toujours pareil, sécurisant, stabilisant, un vrai repère dans ma vie. Bijou attendant son sucre le matin avant de monter dans la montagne, les foins avec Fernand, les vaches avec Odette, les ballades avec vous, le ski avec les oncles, le tire fesse dans le jardin avec la petite salle hors-sac, les chaussures en cuir qui faisaient très mal aux pieds. Les fontaines, les gens du pays avec leurs sourires vrais et simples. Je me rappelle ces vacances de la Toussaint alors que j'étais ado. Vincent et moi étions venus avec vous à la grange et nous vous avons bien fait tourner en bourrique. Je me souviens de vos paroles aimantes alors que j'étais très déprimé. Vous me disiez que les choses passent et que même si elles sont douloureuses et qu'on a l'impression que le jour ne se lèvera jamais, la lumière arrive toujours à un moment ou un autre. Vous me disiez de ne pas désespérer et que je trouverai le bonheur un jour. Vous aviez raison, je l'ai trouvé le bonheur et la lumière s'est révélée à moi.


Mes chers grands-parents, que j'ai aimé vous accueillir chez nous dans le Gers il y a 2,5 ans. Après votre séjour, j'ai eu la sensation que quelque chose était accompli. Nous avions pu nous parler à coeur ouvert tous ensemble, j'ai pu vous rencontrer non plus comme mes grands-parents mais aussi comme vous êtes en dehors de ce rôle. Je vous remercie infiniment pour cela. J'ai tant aimé voir Bon-papa jouant avec Elie avec beaucoup de complicité. C'était beau à voir et à ressentir.


Mamita, oh Mamita, je sais que tu arrives au terme de ta vie, de ta longue vie. Je veux te dire que la première personne à m'avoir parlé de Jésus avec autant d'amour c'était toi alors que j'étais petit. Je sentais ce lien que tu as avec Jésus et aujourd'hui je le comprends, je le ressens aussi tellement et je le partage avec toi. Je veux te dire de te souvenir de cette complicité avec Jésus, je veux te dire que pour ce passage vers la mort, Jésus est à tes cotés et il te guidera sur le chemin vers chez toi, vers la lumière, vers Christ. C'est le moment de faire confiance totalement à ce frère que tu as côtoyé toute ta vie. Je vois qu'il sourit et qu'il est avec toi, il tend la main. Une nouvelle réalité s'offre à toi, une nouvelle naissance. Il n'y a qu'à lâcher les attachements et accepter le saut dans le vide. Mais il n'y a pas de vide, juste autre chose que tu connais déjà de toute éternité. Réjouis-toi Mamita, tu as accompli ta vie, tout est parfait, tout va bien, tout va bien se passer, nous sommes tous là et on t'attend de l'autre côté, on t'attend patiemment car il n'y a pas de temps.


Bon-papa, Mamita, je veux vous dire mon amour, mon amour de petit-fils, mon amour fraternel et mon amour divin. Je vous reconnais et je vous remercie, je vous remercie infiniment d'être là comme vous êtes. Parfait en tout point tous les deux.


Je ne veux pas que vous soyez choqués par ce que je vais exprimer car cela peut heurter mais c'est avec beaucoup d'amour et de bienveillance que je vous dis que je me réjouis. Je serai triste c'est sûr de vous voir mourir mais en vrai je sais que la mort n'est pas ce que l'on croit. Je sais que la mort est un palier, un seuil qui mène à la béatitude, à l'amour infini, à la joie et à la félicité. Alors je me réjouis pour vous et j'aimerais que mes mots vous enlèvent toute appréhension pour ce voyage inconnu. Si la peur est présente, il n'y a qu'à appeler Jésus, l'appeler de tout votre amour. Je vous le dis, une fois passé, il n'y aura qu'à suivre la lumière, juste la lumière et rien d'autre. Je sais tes doutes Bon-papa. Tu n'as jamais été très croyant. Mais pour moi il ne s'agit pas de croyance. Si tu peux juste te rappeler mes mots ce sera bien. Après tout, tu ne risques rien.


Voilà Mamita et Bon-papa. Voilà ce que je tenais à vous dire. Sachez que je pense très souvent à vous, et même si je ne prends pas facilement le téléphone, vous êtes dans ma conscience et dans mon cœur et je sais qu' au fond de vous vous le savez, vous le sentez. Mamita, je ne te reverrai pas avant la fin de ta vie ici. Reçois ce baiser subtil qui vole, vole, vole vers toi. Reçois ma tendresse, tout mon amour et toute ma reconnaissance. Passe me rendre visite dans la légèreté du vent, je t'accueillerai, je te montrerai les chevreuils qui aiment grignoter les écorces de nos jeunes fruitiers, tu caresseras notre chienne de tes mains douces et fines et tu riras avec Elie dans le jardin. Il aime tant être dans le jardin. Et moi, je sentirai tes cheveux légers me faire coucou alors que je regarderai le ciel et ses nuages.

Je vous aime.

Au revoir.



Michaël.

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